Rapport 2018-2019.
An 2
Produit par Mylène Vézina, responsable et animatrice des ateliers d’empathie
Annie-Claude Bélanger, animatrice des ateliers
et Caroline Ross, enseignante responsable
septembre 2019
Sommaire
Table des matières
La deuxième année du projet des ateliers d’empathie à l’école St-Rosaire a fait l’objet de plusieurs nouvelles expériences et ajouts au projet pilote de la première année. Les séances de méditation et de cercle de parole ont été maintenues mais de nouvelles activités, comme les ateliers de philosophie (basés sur la pratique de la fondation SÈVE fondée par Frédéric Lenoir) ont été expérimentées. De plus, un nouveau volet s’est ajouté aux ateliers: Les oreilles de la girafe. Ce nouveau volet pilote consistait à permettre aux enfants d’avoir accès de façon volontaire à une ressource « d’écoute sans jugement » pendant le temps scolaire. Ce rapport présente les résultats de la deuxième année et propose une suite pour une troisième année d’expérimentation.
Introduction
Le projet initial « Présence à soi, aux autres et au monde » avait été mis sur pied en 2017-2018 dans le but de diminuer les cas d’intimidation à l’école St-Rosaire. Cette école située dans un petit village du Bas-St-Laurent (Saint-Valérien-de-Rimouski) était le témoin, comme plusieurs écoles du Québec, de situations d’intimidation entre les élèves. L’équipe école avait alors accepté d’expérimenter ce projet à l’initiative d’une maman d’élève (Mylène Vézina) impliquée et volontaire pour tester une démarche d’empathie et de pleine conscience avec toutes les classes. La première année pilote avait révélé que les élèves appréciaient les ateliers mais que le projet n’avait peut-être pas réussi à réduire les cas d’intimidation de façon notable dans toutes les classes.
Suite à ce constat, une des enseignantes ayant participé au projet pilote et ayant particulièrement aimé l’approche, Mme Caroline Ross (classe de 4e et 5e donc élèves entre neuf et douze ans), a proposé d’augmenter le nombre d’heures dédiées au projet d’ateliers d’empathie et d’accepter qu’ils se déroulent à raison d’une heure toutes les trois semaines (total de 13 ateliers dans l’année 2018-2019). Le but principal des ateliers est resté le même que lors du projet pilote soit: prendre conscience de son vécu intérieur et trouver des stratégies pour transformer les sensations inconfortables de façon respectueuse de sa propre dignité et de celle des autres. Toutefois les retombées attendues du projet étaient davantage tournées vers l’amélioration générale des relations entre les enfants (plutôt que de viser l’intimidation spécifiquement).
Lors de la rencontre pré-projet en septembre, la direction de l’école M. Patrick Leclerc, a encouragé la démarche et une deuxième animatrice s’est jointe au projet. Les autres enseignantes de l’école désirant recevoir des ateliers d’empathie dans leur classe respective ont été rencontrées en début d’année pour que l’approche et les contenus des ateliers soient explicités par la responsable du projet. Quatre enseignantes ont accepté de recevoir un ou des ateliers pendant l’année scolaire.
À partir de la mi-septembre 2018 jusqu’au début de juin 2019 les deux animatrices, Annie-Claude Bélanger (Bacc. Travail social) et Mylène Vézina (Bacc. Enseignement au secondaire et M.A. éducation), ont pu expérimenter et vivre plusieurs activités avec les élèves de Mme Ross. Quelques ateliers (une dizaine) ont également été donnés dans les autres classes de l’école parfois avec les deux animatrices, parfois seulement par la responsable du projet.
Au printemps 2019 un nouveau volet a été ajouté au projet d’ateliers d’empathie: « Les oreilles de la girafe ». Les données amassées à la fin de la deuxième année d’implantation laissent présager que ce volet est très prometteur à condition toutefois de l’installer en complément aux ateliers d’empathie pour que le lien continue d’être nourri (entre la girafe et les élèves!).
Dans ce rapport, la structure des ateliers, un aperçu du contenu ainsi que du cadre théorique seront rapidement rappelés dans la première partie. Puis, la deuxième partie détaillera les commentaires des élèves, ceux de Mme Ross et ceux des deux animatrices. Ces commentaires font suite aux treize ateliers vécus en 4e et 5e année ainsi qu’à l’expérimentation du volet « Les oreilles de la girafe ». Finalement, une proposition de programme un peu plus structuré pour l’année 2019-2020 conclura cette présentation.
Première partie : Cadre général des ateliers
Lors de la première année d’implantation des ateliers d’empathie, une structure générale d’atelier et un cadre conceptuel du contenu avaient été développés. En 2018-2019, nous avons repris la même structure et raffiné les buts pédagogiques. Cette première partie les résume en quelques points.
But principal des ateliers
Prendre conscience de son vécu intérieur et trouver des stratégies pour transformer les sensations inconfortables de façon respectueuse de sa propre dignité et de celle des autres.
Buts secondaires
- Apprivoiser et reconnaitre ses sensations physiques, ses émotions, ses besoins et ses stratégies (comportements) pour répondre à ses besoins;
- Différencier ce qui est une sensation physique, une émotion, un besoin, une stratégie (comportement) pour répondre à un besoin et faire le lien entre ces quatre concepts;
- Observer et tenter de comprendre ses propres réactions (faire le lien avec son vécu, ses émotions et ses besoins);
- Accepter comme normaux ses sensations physiques, ses émotions et ses besoins;
- Imaginer des stratégies pour vivre ses émotions dans le respect de soi et des autres;
- Développer des stratégies qui respectent les autres et soi-même pour répondre à ses besoins;
- Avoir quelques notions de base sur le développement affectif du cerveau humain entre la naissance et 25 ans (neurones miroirs, système limbique et cortex préfrontal);
- Développer l’écoute de l’autre;
- Développer sa littératie émotionnelle
- Prendre conscience de son empathie physique présente dès la naissance et différencier ce qui m’appartient et ce qui appartient à l’autre;
- Développer son empathie sociale pour comprendre le vécu de l’autre (sensations physiques, émotions, besoins);
- Distinguer ce qui est de l’empathie et ce qui n’en n’est pas (sympathie, conseils, banalisation, appropriation, etc.);
- Ouvrir son esprit aux autres réalités que la sienne
- Mettre en pratique ces savoirs pour gérer les diverses situations de la vie réelle.
Structure d’un atelier
La structure générale d’un atelier est restée inchangée depuis le début. En effet, nous observons que de prendre un moment de détente, de respiration et de méditation au début aide grandement aux activités qui suivent. La forme des activités s’est diversifiée cette année en introduisant les sous-groupes de travail (nous étions deux animatrices) lors des ateliers de philosophie ou lorsque nous travaillions avec des mises en situations (sketchs joués par les élèves). À la fin d’un atelier, le cercle de parole aidé du bâton de parole est resté tout aussi populaire auprès des élèves et a clos chacun des ateliers (à deux exceptions près par manque de temps).
Quelques thèmes et détails des ateliers 2018-2019
Installation (1-2 minutes): Bonjour aux élèves, annonce du thème de la méditation, installation des enfants pour la méditation avec coussins et toutous/doudous si méditation immobile.
Méditation (entre 5 et 15 minutes): Respirations profondes puis direction de l’attention sur un sens (le gout, le toucher, l’ouïe, la proprioception), sur un sujet (gratitude, sérénité, empathie) ou encore une méditation guidée sous forme de balayage corporel. Les trois dernières méditations de l’année ont été animées par des élèves volontaires.
Activités (entre 20 et 40 minutes): Explications/discussion sur un thème en grand groupe (ex: biologie des émotions), discussions philosophiques en sous-groupes (exemple de thème: le bonheur), mises en situation à partir d’un petit scénario de base (sketchs sur le thème de l’intimidation), partages en grand groupe d’expériences (ex: sur une émotion vécue), travaux en équipes (ex: différence entre besoin et stratégie pour y répondre), jeux (ex: balles de l’attention), visionnement de petits films (ex: sur le dégout), expériences (ex: gestion de la douleur physique).
Bâton de parole (entre 5 et 10 minutes) : parole du coeur en cercle, exploration de la météo des émotions, partage de pensées, de sensations physiques, de besoins ou d’émotions.
Cadre conceptuel des ateliers d’empathie
Les contenus des différentes parties sont adaptés selon l’âge des enfants, la maturité (surtout affective) du groupe ainsi que leurs savoirs. Très brièvement, voici les cinq grandes sources d’inspiration pour les contenus des ateliers d’empathie. Le cadre conceptuel est davantage détaillé dans le rapport 2017-2018.
- Le programme « Empathy » et l’approche du Familylab (Peter Høeg et Jesper Juul)
- La Communication NonViolente ou la communication consciente (Marshall Rosenberg)
- La pleine conscience (Jon Kabat-Zinn)
- Les neurosciences affectives (Catherine Gueguen)
- La philosophie pour enfant (Frédéric Lenoir)
Ce dernier point « La philosophie pour enfant » mérite un peu plus de détails car ce fut un ajout cette année. Cette approche portée par la fondation SÈVE (Savoir Être et Vivre Ensemble) a pour vocation « de contribuer de manière significative, grâce à la diffusion d’ateliers de philosophie et pratique de l’attention, au développement de la pensée réflexive chez les enfants et adolescents, de l’esprit critique et d’aptitudes leur permettant de grandir en discernement et en humanité et devenir des citoyens conscients, actifs et éclairés. »
Ce que nous avons mis en place consistait à proposer un sujet de discussion au groupe entier avec une petite phrase « amorce », de séparer le groupe en deux pour permettre un plus grand temps de parole par enfant, puis après la discussion (comprenant plusieurs sous-questions) de partager en plénière les éléments phare de chaque sous-groupe.
Éléments de contenus de 2018-2019
Voici, en lien avec les buts secondaires énoncés plus haut, quelques activités pédagogiques qui ont été expérimentées cette année:
- Diverses activités de méditation pleine conscience (direction volontaire de l’attention) pour augmenter la connaissance de soi. Observer son ressenti dans les situations suivantes:
- gouter un nouveau fruit en pleine conscience;
- écouter différents sons de bols tibétains et TignSha;
- marche méditative;
- observer sa stratégie de gestion de la douleur physique (muscles en contraction);
- observer sa stratégie de gestion des émotions désagréables (le dégout et la peur en projetant une vidéo sur les anacondas);
- Exercices de respiration et de mouvement du corps (Qi gong et yoga);
- Activité de classement du vocabulaire en quatre catégories: les sensations physiques, les émotions, les besoins, les stratégies (comportements) pour combler un besoin;
- Balles de l’attention;
- Discussion sur un thème d’une carte du jeu « Rethink »;
- Ateliers de philosophie sur les thèmes suivants: le bonheur, l’argent et autrui;
- Discussion sur les codes sociaux de notre société en lien avec l’expression ou non des émotions;
- Discussion sur les signes visibles d’une émotion chez l’autre et des ressentis intérieurs provenant d’une émotion chez soi;
- Pratique de l’écoute attentive lors des cercle de parole (on ne pense pas à ce qu’on va dire ni à ce qu’on a dit, on essaie d’être entièrement avec la personne qui parle);
- Mises en situation (sketchs) mettant en scène des comportements dérangeants (ou non socialement acceptables) et analyse par les élèves des émotions et besoins sous-jacents aux comportements;
- Discussion sur les stratégies gagnant-gagnant pour répondre un besoin lorsqu’il est identifié;
- Expérimenter l’empathie physique par le rire, le bâillement ou les pleurs;
- S’exercer à faire la différence entre les émotions ressenties qui viennent de l’autre ou qui viennent de soi-même
- Expérimenter et observer son ressenti lorsqu’une personne est ou n’est pas empathique (par exemple lorsqu’elle n’écoute pas ou qu’elle parle de sa situation à elle).
Deuxième partie : Observations et résultats
Ce projet étant exploratoire, aucune mesure scientifique n’a été prise durant l’année. Toutefois, la dernière séance a été dédiée à l’évaluation du projet par les élèves. Les commentaires de l’enseignante ont également été colligés ainsi que ceux des deux animatrices. Cette section en fait la description exhaustive.
Compte-rendu des élèves
Ce qu’ils ont aimé | Certains ont aimé, d’autres ont moins aimé | Ce qu’ils n’ont pas aimé |
Les séances de massage | La marche méditative | La vidéo du serpent |
Les mises en situation (sketchs) | La roue des émotions | |
Le bâton de parole | La cohérence cardiaque | |
Les balles de l’attention | L’activité de vocabulaire | |
La méditation du goût | La méditation guidée par une vidéo | |
La pleine conscience dans la nature | Le balayage corporel | |
Animation de la séance de méditation par les élèves | La philosophie | |
Avoir un toutou/doudou pour méditer | La biologie |
Observations et commentaires de l’enseignante
Mme Caroline Ross, l’enseignante qui a accueillit les ateliers pendant toute l’année dans sa classe, a fait les commentaires suivants à la fin de l’expérience:
- J’ai pu mieux connaitre mes élèves par les partages de leur vécu et de leur réalité personnelle;
- J’ai eu le privilège d’entrer dans leur monde intérieur, de connaitre leurs émotions et leurs pensées;
- J’ai observé que mes élèves se connaissaient plus entre eux et étaient plus ouverts les uns aux autres (ils ont pu voir les choses autrement et de façon ludique);
- Ils ont acquis du vocabulaire qu’ils ont pu utiliser pour gérer les conflits;
- Dans la classe, ils se sont exprimé plus facilement avec humour sur leurs ressentis. Ils étaient détendus lorsqu’ils parlaient d’eux-mêmes;
- J’ai vu plus d’entraide et d’aide mutuelle dans les travaux en classe ou à la récréation;
- J’ai observé plus d’empathie entre eux, cette année j’ai eu un vrai « groupe » avec collaboration, partage et unicité;
- J’ai observé de véritables liens entre les enfants;
- Les réflexions en classe étaient souvent plus profondes et leur esprit plus ouvert face à la différence;
- Ma pratique enseignante s’en est trouvé améliorée parce que je connaissais davantage mes élèves et j’ai pu prendre des décisions pédagogiques plus adaptées à la réalité de chacun et à celle du groupe;
- J’ai davantage écouté mes élèves sans nécessairement chercher de solution;
- J’ai eu plus confiance en mes interventions;
- J’ai pu assister à une situation de gestion de conflit réelle entre trois élèves où chacune s’est exprimée selon ses émotions et son vécu. Elles ont géré elles-mêmes le conflit de façon respectueuse. Je n’avais jamais vu ça de la part d’enfants de 4e année;
- Au sujet du volet « Les oreilles de la girafe », j’ai vu une différence évidente entre le moment où l’enfant demandait à voir la girafe et son retour en classe après l’avoir vue. Ceux qui sont allés la voir sont revenus plus légers, plus joyeux et moins anxieux.
- À améliorer: mettre un peu plus d’emphase sur les activités motrices où les enfants doivent bouger (ex: balles de l’attention, les sketchs et le yoga)
- Une heure par atelier n’est pas assez long, on pourrait viser une heure trente et pas nécessairement en continu (l’atelier pourrait être coupé par une récréation).
Commentaires des animatrices
Nous sommes en général très satisfaites des ateliers de cette année pour les raisons suivantes:
- Nous avons remarqué qu’il était souvent plus facile pour les élèves de parler que d’écouter les autres. Le bâton de parole en cercle où on essaie de ne pas penser à ce que l’on va dire ou à ce que l’on a dit permet de pratiquer l’écoute;
- Faire des petites séances de yoga ou de QiGong entre l’activité principale et le bâton de parole permet aux enfants de bouger et de prendre une pause d’attention soutenue. Nous pensons augmenter la fréquence des activités de transition pour la prochaine année;
- Nous avons été très impressionnées par le jeu des personnages et l’analyse de leurs comportements dans les mises en situation (sketchs): les élèves étaient capables de lier le comportement inadéquat d’un personnage à son histoire personnelle et à ses besoins non-comblés. Ils émettaient des hypothèses très crédibles quant aux difficultés vécues par les intimidateurs, les témoins et les victimes d’intimidation;
- Certaines activités, même si moins aimées des élèves comme celles sur le vocabulaire ou la biologie et celle de la vidéo du serpent, nous ont permis d’aller plus loin avec eux dans leur prise de conscience de leur vécu intérieur. Nous pensons maintenir les activités que nous jugeons porteuses malgré leur impopularité car elles sont un tremplin pour aller plus loin;
- Nous sommes conscientes que nous n’avons pas nécessairement atteint notre but principal entièrement mais nous avons atteint plusieurs buts secondaires ce qui nous permet d’affirmer que le processus de prise de conscience de son vécu intérieur et la découverte de stratégies pour transformer les sensations inconfortables de façon respectueuse de sa propre dignité et de celle des autres est amorcé avec ces élèves.
Troisième partie : Proposition pour la troisième année (2019-2020)
La classe de Mme Caroline Ross est, cette année, de 3e et 4e année donc avec des enfants entre 8 et 10 ans. Mme Émilie Rousseau, stagiaire de 4e année de baccalauréat en enseignement primaire, prendra aussi part au projet de septembre jusqu’à Noël.
Les enfants de cette classe ont suivi à quelques reprises des ateliers d’empathie dans les années précédentes mais le lien devra se rebâtir entre eux et les animatrices. Le but pédagogique des ateliers nous semble toujours être approprié et adapté aux élèves du primaire. Le nombre d’ateliers restera sensiblement le même (une quinzaine) mais auront une durée variable, entre une heure et deux heures. En tout, nous prévoyons une vingtaine d’heures distribuées sur toute l’année scolaire pour réaliser le projet. La planification proposée ici nous servira de canevas de travail mais sera adaptée selon les situations.
Volet « Ateliers d’empathie »
Nous allons donc poursuivre dans la même veine que l’an passé et tenter, lors de la troisième année d’expérimentation, se s’approcher le plus possible de notre but principal qui est:
Prendre conscience de son vécu intérieur et trouver des stratégies pour transformer les sensations inconfortables de façon respectueuse de sa propre dignité et de celle des autres.
Les méditations resteront sensiblement les mêmes:
- Pleine conscience dans une variété de circonstances;
- Identification des sensations physiques liées ou non à des émotions;
- Accueil sans jugement des émotions, des pensées et des sensations;
- Expérimentation de différents types de respiration et leur effets sur le reste du corps;
- Observation de sa respiration et de son état sans interférer avec (accueil « comme on est »);
- Observer l’effet de ses pensées sur sa respiration, revenir au moment présent (en s’aidant de sa respiration);
- Cohérence cardiaque.
Nous prévoyons mettre davantage d’activités de transition où le corps est en mouvement:
- Exercices de Qigong et de yoga;
- Balles de l’attention;
- Massages entre les enfants;
- Jeu du miroir (mimes émotions);
- Autres activités (à définir).
La plupart des activités principales seront reprises. Le tableau ci-dessous en fait le résumé:
No atelier/date | But | Activités |
1 23 septembre 9h @ 10h | Création du lien entre les animatrices et les élèves | Présentations, explication des ateliers. Méditations courtes et variées: immobile, assis et marche méditative. Balles de l’attention. Présentation du bâton de parole. |
2 7 octobre 9h @ 10h | Création du lien entre les animatrices et les élèves et discussion sur les émotions. Concept d’émotion primaire et secondaire (ou sentiment). | Météo intérieure, roue des émotions, vocabulaire sur les émotions. Coloriage d’illustrations des émotions primaires. Classement en équipes (6 équipes de 3-4) des émotions secondaires se rattachant aux primaires. |
3 28 octobre 12h45 @ 14h | Distinction entre sensation physique, émotion, besoin et stratégie (comportement) pour répondre au besoin. | Explication du concept de besoins (universels et légitimes) et celui de stratégies (comportements adaptés ou non). Saynètes avec personnages, tableau à remplir avec quizz (4 équipes) pour classer des exemples de chacun des concepts. |
4 11 novembre 12h45 @ 15h05 | Biologie des émotions, évolution de notre espèce, développement du cerveau (cortex préfrontal et système limbique), la suite dans l’atelier #5 | Présentation illustrée, jeu des différents stades de développement. Questionnement sur leurs propres compétences. Présentation sur la neurodiversité. |
5 9 décembre 8h30 @ 10h | Différence entre inné et acquis (culturel). Les ateliers 4 et 5 sont une suite et peuvent se mélanger. | Discussion et jeu de classement (quizz) sur les comportements acceptés ou non par notre société et leurs conséquences. |
6 13 janvier 9h @ 10h | Ouvrir les esprits | Atelier de philosophie: La vie |
7 3 février 8h30 @ 10h |
Apprivoiser le concept de l’empathie (physique et sociale) et distinguer ce qui n’en n’est pas. Distinguer ce qui est à soi (ressenti) et ce qui vient de l’autre (senti, perçu, reconnu)
| Activités de littéracie émotionnelle (expressions faciales), reconnaitre chez soi et chez l’autre les signes « d’activité intérieure » (tableau à double entrée). Exercices d’empathie et d’observation de ses ressentis en différentes situations (jeux des mimes des émotions en sous-groupes). |
8 17 février 8h30 @ 10h | Apprendre à gérer le désagréable, reconnaitre que toute sensation, émotion ou besoin est légitime. Prendre conscience des effets de mes stratégies (comportements) pour répondre à mes besoins (sur moi, sur l’autre). Prendre conscience de sa créativité et l’exploiter pour identifier des stratégies gagnant-gagnant qui répondent à ses besoin. | Expérience de la gestion de la douleur musculaire, gestion des émotions désagréables (serpent). Discussion sur le non-contrôle que nous avons sur nos sensations, émotions et besoins. Discussion sur les bonnes et mauvaises stratégies pour gérer ce qui est désagréable en respectant (ou non) la dignité. Fabrication des coin-coin « Gestion des émotions » et « Stratégies pour mes besoins ». |
9 9 mars 12h45 @ 13h45 | Ouvrir les esprits | Atelier de philosophie: Autrui |
10 23 mars 12h45 @ 15h05 | Reconnaitre que quelqu’un se sent mal, trouver l’émotion qu’il doit ressentir, faire une hypothèse sur le besoin caché derrière son comportement et partager des idées de stratégies pour prendre soin des besoins des gens impliqués dans la situation en respectant la dignité de tous. | Mise en situation no1 (sketch). Travail en équipes (3 équipes de 6-7). Représentation de 1 équipe. Discussion en grand groupe sur les choix de l’équipe pour la suite inventée de la MeS. Discussion sur le vécu de chacun des personnages. Discussion sur les comportements (gagnant-gagnant?) |
11 6 avril 12h45 @ 15h05 | Reconnaitre que quelqu’un se sent mal, trouver l’émotion qu’il doit ressentir, faire une hypothèse sur le besoin caché derrière son comportement et partager des idées de stratégies pour prendre soin des besoins des gens impliqués dans la situation en respectant la dignité de tous. | Mise en situation no 2 (sketch) Révision des 2 équipes restante. Représentation des 2 équipes et discussion sur les mêmes questions que l’atelier précédent. |
12 20 avril 8h30 @ 10h | Reconnaitre qu’on se sent mal, identifier la ou les émotion(s) qui est/sont ressentie(s), associer le(s) besoin(s) à/aux émotion(s) identifiée(s). | Études de cas no 1 et 2 sur des évènements vécus par les élèves ou amenés par les animatrices. Langage du JE, bonhomme de la CNV (osbd ou febs) |
13 4 mai 12h45 @ 15h05 | Reconnaitre qu’on se sent mal, identifier la ou les émotion(s) qui est/sont ressentie(s), associer le(s) besoin(s) à/aux émotion(s) identifiée(s). Prendre conscience de notre automatisme à gérer habituellement cette situation (quel est mon comportement ?), trouver une stratégie pour transformer mes sensations inconfortables de façon respectueuse de sa propre dignité et de celle des autres. | Études de cas no 3 et 4 sur des évènements vécu par les élèves ou amenés par les animatrices. Langage CNV, traduction des comportements en stratégies de réponse aux besoins exprimés au travers des émotions ressenties par les personnes décrites dans les études de cas. Discussion sur les possibilités des personnages décrits dans les études de cas. |
14 1 juin 12h45 @ 15h05 | Reconnaitre qu’on se sent mal, identifier la ou les émotion(s) qui est/sont ressentie(s), associer le(s) besoin(s) à/aux émotion(s) identifiée(s). Prendre conscience de notre automatisme à gérer habituellement cette situation (quel est mon comportement ?), trouver une stratégie pour transformer mes sensations inconfortables de façon respectueuse de sa propre dignité et de celle des autres. | Études de cas no 3 et 4 sur des évènements vécu par les élèves ou amenés par les animatrices. Langage CNV, traduction des comportements en stratégies de réponse aux besoins exprimés au travers des émotions ressenties par les personnes décrites dans les études de cas. Discussion sur les possibilités des personnages décrits dans les études de cas. |
15 8 juin 12h45 @ 13h45 | Faire un retour sur l’année, rituel de fin d’année et de passation à une autre étape de notre vie. | Discussion libre sur les activités, cercle de parole, billet de souhaits pour l’année suivante (à ouvrir en juin 2021) |
Finalement, l’activité de clôture par le cercle de parole (avec bâton de parole) sera aussi très semblable à l’activité de l’année passée avec peut-être un rappel que le volet « Les oreilles de la girafe » sera disponible une fois par semaine pour les élèves intéressés.
- Partage de sensations physiques, d’émotions, de besoins ou de pensées;
- Discussion sur une carte du jeu « Rethink »;
- Retour sur le vécu ressenti pendant les ateliers.
Volet « Les oreilles de la girafe »
Les animatrices du projet prévoient une présence d’environ une journée par semaine à l’école pour assurer le volet des « Oreilles de la girafe ». Mme Vézina sera présente les lundis, l’horaire de Mme Bélanger sera plus variable et sera ajusté en cours de route. Ce volet consiste, comme l’an passé, à permettre aux enfants d’avoir accès de façon volontaire à une ressource « d’écoute sans jugement » pendant le temps scolaire.
Le fonctionnement du volet des Oreilles de la Girafe est le suivant. Lorsqu’un élève ressent le besoin d’avoir du temps d’écoute , il demande à son enseignante la permission d’aller dans « le bureau de la girafe » (une image de girafe avec de grandes oreilles est collée sur la porte du bureau d’où se trouve la girafe (une des animatrices) lors de ses journées de présence à l’école). Ces temps de parole et d’écoute sans jugement ne sont pas des temps de thérapie: aucun conseil n’est donné et aucune démarche n’est entreprise. Le but est d’explorer, soutenir, clarifier, identifier les états intérieurs des enfants pour les aider à gérer leur vécu de façon éclairée. Le contenu des discussions est confidentiel mais les informations pertinentes permettant de mieux accompagner l’enfant dans son cursus scolaire sont transmises à l’enseignante (ainsi que, bien évidemment, toute situation où la sécurité d’un enfant serait en jeu).
Nous prévoyons offrir une trentaine de journées de disponibilité aux élèves de Mme Caroline Ross mais aussi aux élèves des autres classes. Ainsi tous les élèves pourront, avec le consentement de leur enseignante et de leurs parents, bénéficier du service d’écoute sans jugement pendant le temps scolaire. Ce volet sera présenté aux autres enseignantes de l’école en même temps que la proposition d’activités pour la troisième année des ateliers d’empathie.
Ajouts dans la classe
Suite à la rencontre de début d’année (entre les animatrices, l’enseignante et la stagiaire), Mme Caroline Ross a décidé d’ajouter quelques éléments dans sa classe qui se dérouleront hors des ateliers d’empathie. Voici donc une liste non-exhaustive d’idées qui seront testées pendant l’année 2019-2020:
- La boîte à émotions
- Le courrier du coeur
- Les jeux de coin-coin sur la gestion des émotions et des besoins
- « Cours de chicane »
- Visionnement du film « Sans dessus dessous »
- Différents jeux d’attention
Conclusion
En conclusion, les ateliers d’empathie semblent avoir une portée plus grande que la seule amélioration des relations entre les élèves d’une même classe. Les enfants semblent bel et bien développer leur savoir-être ensemble et leur capacité à envisager les conflits non comme quelque chose à éviter mais comme des évènements normaux ne générant pas nécessairement de souffrance. Ces compétences de gestion de soi et des conflits développés par les élèves de Mme Caroline Ross laissent présager que leur capacité à vivre en groupe et en société en sera améliorée.
Notre postulat de base est qu’une société plus empathique et respectant la dignité de tous permettra de mieux faire face aux grands changements sociétaires qui sont à nos portes. Nous pensons qu’une quantité d’heures importantes dans chaque école devraient être dédiées à la présence à soi, aux autres et au monde.
Évidemment, d’autres études seraient nécessaires pour mesurer la portée réelle de notre projet mais nous sommes convaincues que ces ateliers sont non seulement essentiels mais qu’ils devraient pouvoir être développés et stabilisés dans le temps. Nous souhaitons continuer à développer ce projet et sommes ouvertes à partager ce que nous avons appris au travers de notre expérience avec les enfants de l’école St-Rosaire.
Annexe 1: Formulaire de consentement parental pour le volet « Les oreilles de la girafe »
Références
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Høeg Peter, Juul Jesper, Jensen Helle, Bertelsen Jes, Stubberup Michael, Hildebrandt Steen, 2016, Empathy. it’s what holds de world together, My morawa, Vienne. |
Juul Jesper, JENSEN Helle, 2002, (2017 édition anglaise) Relational Competence. Toward a new Culture of Education, edition + plus, Windberg. |
Kabat-Zinn Jon, 2013, Où tu vas, tu es, J’ai Lu, Paris |
LENOIR Fréderic, 2016, Philosopher et méditer avec les enfants, Albin Michel, Paris |
ROSENBERG Marshall, 2016 (3e édition française), Les mots sont des fenêtres (ou des murs), Éditions Jouvence, Paris. |
ROSENBERG Marshall, 2006, Enseigner avec bienveillance. Instaurer une entente mutuelle entre élèves et enseignants, Éditions Jouvence, Paris. |
2015, Inside Out, Studios Disney et Pixar